La meute

Il était une fois un pays où tous les journalistes se donnaient la main. Sans en arriver à de telles extrêmités, j'aimerais bien que mes confrères, de temps en temps, soient un peu moins des chacales.

L'autre jour, mon petit sac sur le dos, mon bic frétillant dans la main,  fière comme un paon que mon redchef m'ait encore exprimé sa confiance en m'envoyant "sur le terrain". J'arrive à L'Elysée. Et là, adieu rêve de scoop et d'espionnage. La meute, m'attendait de pied ferme.

Le Nabot sort sur le porche, il nous toise, satisfait. Tout sourire, sûr de lui (autant que de sa cravatte jaune citron) et presque aussi fière que moi. Et la meute se lance, tout micro dehors,sur sa proie...facile. Je reste quelques secondes en retrait, accrochée à mes rêves de "vrais gens", et puis je me jette dans la mêlée. La larme à l'oeil. Je me fraye un chemin, et je prête docilement mon épaule à une bétacam, jusqu'à ce que une connasse me marche entre les lanières de ma sandale avec ses talons à crever un oeil. Et puis comme tout le monde (moi ki me sentais exceptionnelle), je reste là, le bic suspendue en attendant "la petite phrase". C'est dûr la vie.

Les oreilles pendante, le moral dans le callepin, je rentre à l'agence en boitant (cf: le talon aiguille) avec ma liste de petites phrases. C'est bien. Aujourd'hui encore je lui aurait servi sa sauce. En bon petit soldat.

Mais demain est un autre scoop. Un jour, moi aussi je serais une baroudeuse, la plume des vrais gens!!!!